Michel Roux

REPÈRES BIOGRAPHIQUES
DE MICHEL ROUX

Michel Roux est né le 11 août 1950 à Cotignac – Var
Instituteur de 1972 à 1977, il dessine depuis 1972
1976 : « Encre de Chine », Galerie Chave – Vence
1978 : Biennale de Menton
« Cinq dessinateurs varois », Saint-Maximin – Var
Présentation du livre « Hiérogrammes » de F.Cali et Michel Roux, Galerie Chave
1979 : Triennale du dessin de Nuremberg – Allemagne
Exposition de groupe Villa Arson – Nice
1981 : E.L.A.C. Lyon : « Le monde d’Alphonse Chave »
1983 : Galerie Chave. Catalogue avec texte de Gilbert Lascault
1984 : « Sur invitation » Musée des Arts Décoratifs, Paris
« L’écriture dans la peinture » Villa Arson, Nice
1985 : Anthologie de la création contemporaine dans le Var, musée de Toulon
1986 : Exposition personnelle Galerie Chave. Catalogue avec un texte de J.Mouton
1989 : Exposition Galerie Chave. Catalogue avec un texte de Pierre Gaudibert
1991 : « Pour le dessin » musée Ingres de Montauban
1992 : « Nouvelles acquisitions du FRAC-PACA » : Marseille et Toulon
1993 : « Labyrinthes » Galerie Chave, textes de divers auteurs
1994 : Hommage à la Galerie Chave, Institut Culturel Français de Florence
1997 : « Autour d’un livre » SAGA, Paris puis Galerie Chave.
1998 : « Ecritures en boustrophédon » Galerie Chave puis Musée de Vienne – Isère
2000 : American Primitive Gallery, New York
2002 : Musée de Draguignan.
Galerie Chave. Catalogue avec un texte de Jérôme Chave
2003 : « Dessins de mine, dessins de plume, dessins de poils, dessins de crins  » Galerie Chave
2004 : Phoebus Galerie, Rotterdam – Pays-Bas
2005 : « Petits formats » Galerie Chave
2006 : Centre d’Art de Saint-Fons
2007 : Galerie Chave, Vence. Catalogue avec textes de Jérôme Chave et Giovanni Joppolo
Galerie Dettinger Lyon
2011 : Orangerie Gut Ostenwalde Melle (Allemagne)
2013 : « Le domaine des signes » Galerie Chave de mai à fin décembre.
2013 : Décède le 7 novembre 2013

COLLECTIONS PUBLIQUES MICHEL ROUX

1988 – 1990 : Acquisition d’œuvres par le FRAC-région Rhône-Alpes et FRAC-PACA

RÉALISATIONS MICHEL ROUX

1988 : New Hôtel Roblin, Paris : création d’une céramique murale
1992 : Weimar Europaische Fur Innovation : œuvre murale de 15m x 1 m

LE DOMAINE DES SIGNES

Il y a une vingtaine d’années, il était difficile de convaincre le spectateur que les dessins de Michel Roux n’avaient pas été dessinés par un ordinateur, une remarque qu’il prenait sans agacement. Depuis, la naïve croyance en une omnipotence de l’ordinateur a disparu. Chacun a son ordinateur à la maison et un enfant peut générer des images parfaites et des sons parfaits, tous deux dignes du plus grand dessinateur ou du plus grand musicien, et tous deux parfaitement synthétiques et aseptisés. L’imperfection du son d’un véritable piano est absente dans la musique par ordinateur. Sans erreur, sans flou. Or, sans erreur, il ne peut y avoir d’art, à l’image de la pensée. Tout comme les organismes évoluent par des successions de subtils bricolages, la pensée évolue par tentatives, par de confus processus d’essais et d’erreurs.

La phyllotaxie est la discipline scientifique qui étudie l’arrangement des organes des plantes, leur Bauplan. La structure d’une plante est décrite par les contraintes de son développement, mais aussi par les accidents de sa vie. Rien n’y est parfait. Elle est vivante. Les dessins de Michel Roux doivent être disséqués pour en percevoir leur Bauplan. Après un certain effort, on en perçoit toute la complexité. Michel Roux, dans Hiérogrammes (1978) dressait avec François Cali le lexique de ces signes, et il en comptait 92. Aucune tentative n’était faite pour invoquer un sens primitif de ces signes. Ils avaient déjà bien évolué depuis les tout premiers dessins (1972) emplis de nuages désordonnés de symboles plus ou moins psychédéliques. La bouffée créative du langage nouveau s’était déjà muée en une structure pré-syntactique et organisée, bien qu’emplie de variants non encore fixés. Marcel Cohen, dans La Grande Invention de l’Ecriture rapporte une évolution très semblable de l’écriture hiéroglyphique Egyptienne dans laquelle l’écriture symbolique fut lentement remplacée par une structuration plus abstraite en partant plus efficace vers 1200 avant notre ère. Un chemin de pensée convergent fut suivi par les écritures chinoises.

De fait, l’un des critères majeurs de l’évolution d’une écriture est la recherche d’un syllabaire à la croisée entre l’économie du signe et la significativité de la représentation. Gelb, dans Pour une Théorie de l’Ecriture (1973) précise le sens organique de l’arrangement de tels syllabaires : « Horror vacui, c’est un grand principe aussi dans l’arrangement des signes ». La simplicité et facilité de manipulation a un sens dans celui développé par Michel Roux. Jour après jour, le scribe remplit des centaines de milliers de cases, il accole les signes les uns aux autres sans rien briser du travail de la veille. Les signes trop complexes, trop contrastés, ou tout simplement qui ne trouvent pas leur place dans le schéma, sont simplement purifiés du lexique, et sont finalement oubliés.

Entre le signe est la ligne, l’élément normalisateur. « Tout comme les maîtres d’école tracent des lignes avec leur stylet pour les enfants qui ne savent pas écrire, puis leur mettent en main les tablettes et les font écrire suivant ces lignes, ainsi la cité a tracé les lois inventées jadis par de vertueux législateurs » . La froideur de cette grille est lentement rendue à la vie par le développement des protubérances qu’elle enserre, dessinées l’une après l’autre par Michel Roux. La structure se dissout alors pour se réduire à un filigrane dont l’œil finit par s’affranchir.
Lorsqu’on regarde le dessin à quelque distance, le quadrillage finit de s’estomper et d’autres lignes de force émergent. Nous survolons alors le dessin, en réalisons les fulgurances, nous avons définitivement quitté les étroits chemins de signes que nous parcourions le nez sur le dessin, nous réalisons l’ambition démesurée de l’entreprise, ce Babel de signes. Ernst Jünger décrivait le cristal comme un « être capable aussi bien d’intérioriser sa surface que de tourner sa profondeur vers l’extérieur ». Les dessins de Michel Roux se révèlent de cette manière, intériorisant le signe et révélant sa profondeur au spectateur.

© Jérôme Chave juin 2006

CATALOGUES sur Michel Roux

EDITIONS sur Michel Roux

1978 « Hiérogrammes », photolithographies Michel Roux, texte François Cali
1996 Livre de M. Roux reproduit en photolithographie